Article paru dans QUIDAM L'HEBDO

CABINET PAGOS, POURFENDEUR DE L'INUTILE

Boris Carpentier a créé en 2009 un cabinet de conseil pour aider les entreprises en difficulté à se réorganiser et accompagner celles en développement grâce aux bons outils. Depuis deux ans, Pagos est aussi implanté à Agen. Tel un culturiste cherchant à éradiquer le gras de son alimentation et de son métabolisme, Boris Carpentier traque « la non-valeur ajoutée ».

Il exècre tout ce qui est inutile, voire nuisible, au bon fonctionnement d'une entreprise, ces petits gestes quotidiens qui font perdre du temps, ces aberrations qui freinent la rentabilité. C'est pourquoi il a décidé, après deux décennies comme directeur industriel dans la plasturgie, de créer son propre cabinet conseil, Pagos, en 2009 à Arras dans le Pas-de-Calais.

Il y a deux ans, il s'est également doté d'une agence à Agen, par affinités avec ce département où il possède une résidence secondaire, pour partir à la conquête du grand Sud-Ouest. Il vend ainsi son expertise aux sociétés qui le souhaitent pour les aider à améliorer leur productivité. Les cinq personnes qui composent son équipe, dont Emilie Parsy sur le secteur agenais, affichent, comme lui, des curriculum vitae très riches.

« Je pense qu'on ne fait bien ce métier que si c'est une seconde carrière. Il faut avoir vécu à l'intérieur d'une ou plusieurs entreprises assez longtemps pour bien comprendre ce qu'il s'y passe et conseiller dans le bon sens, détaille Boris Carpentier »

 L'expérience comme voix de la sagesse. Mais la méthode Pagos ne consiste pas à rester derrière un bureau pour dispenser des recommandations et appliquer un modèle générique. L'immersion et l'empathie sont tout autant de rigueur que la vérité des chiffres. « On s'adapte spécifiquement aux besoins du clients. Chaque situation est différente. C'est pourquoi on effectue un diagnostic via un audit pour identifier ce qui peut être amélioré. On met ensuite en œuvre un plan pour atteindre nos objectifs », explique Boris Carpentier.

Cauchemar en entreprise

Certaines structures ont pu échapper à la faillite grâce à l'aide du Cabinet Pagos. « Nous sommes par exemple intervenus dans une société d'emballage qui connaissait de grosses difficultés financières. Les salariés, au nombre de 13, étaient complètement démotivés .Nous avions pour mission de générer des gains rapides en agissant sur les dysfonctionnements. Nous y sommes parvenus en rendant le personnel plus polyvalent et plus autonome avec des leaders dans chaque atelier. Nous avons réduit les stocks et diminué les distances. Enfin nous avons mis en place des indicateurs de performance. Dès que l'homme est challengé, il se dépasse. Un seul outil de ce type, même le plus simple, permet de constater un gain natif de 15%. Au final, il n'y a rien de compliqué. Le but est que tout ça puisse perdurer», détaille Boris Carpentier. A la manière de « Cauchemar en cuisine», le Cabinet Pagos peut sauver un établissement en quelques jours seulement en réorganisant le travail.

ERP, l'assistant ultime

Mais la clientèle de Boris Carpentier ne se compose pas que d'entreprises en difficultés. « Nous accompagnons aussi le développement et les grands projets », souligne le patron.  Ce deuxième pôle d'activité consiste le plus souvent à mettre en place un ERP.L'acronyme signifie « Enterprise ressource planning », parfois traduit en français par Progiciel de gestion intégré. Il s'agit d'un outil informatisé permettant le pilotage de l'entreprise. Gestion comptable, gestion commerciale, gestion des stocks, ressources humaines...tous les flux sont incorporés dans un unique logiciel.

Boris Carpentier, lors de sa précédente carrière, devait gérer des équipes de 200 personnes en « cinq-huit ». Il est donc passé maître dans l'utilisation de ce type d'instruments. Mais tous les ERP ne se valent pas : « Certains coûtent quelques dizaines de milliers d'euros. D'autres peuvent monter beaucoup plus haut. Nous avons par exemple un client à Mérignac chez qui nous avons installé un ERP à 600 000 euros.

Autan tdire que nous n'avons pas le droit à l'erreur. Il faut bien analyser le cahier des charges de l'entreprise ainsi que son budget pour lui proposer la meilleure solution du marché ». La mise en place et la formation du personnel à son utilisation s'étale ensuite sur 18 à 24 mois. « On a régulièrement affaire à des artisans qui ont vu leur société grossir sans avoir les compétences de gestionnaire suffisantes pour absorber cette croissance », indique Boris Carpentier. Cette aide numérique peut leur être très précieuse. Elle va de toute façon dans le sens de l'histoire.

Pas des coupeurs de tête

On parle de quatrième révolution industrielle, analyse le patron du Cabinet Pagos. Après le Taylorisme et le Fordisme, un autre grand modèle a fait son apparition : le Toyotisme. Le Japon est un petit archipel où il y a très peu d'espace pour produire. Il faut donc se montrer très pragmatique dans la manière d'organiser les choses. » Le constructeur automobile Toyota, justement, a théorisé la méthode « Lean » (maigrir, en anglais).

Eviter le gaspillage, la manutention inutile, l'attente entre les postes de travail en sont les grands principes. Une philosophie dont s'inspire largement le Cabinet Pagos. « Mais nous ne sommes pas des coupeurs de têtes. Notre action commence d'abord en bas de l'organigramme. Quand je visite une entreprise, je ne le fais pas en costard-cravate mais avec un bleu et des chaussures de sécurité. Je parle avec ceux qui font tourner l'usine, je recueille leurs impressions pour améliorer leurs conditions de travail.
L'efficacité passe par là. » Contrairement aux pays anglo-saxons, cette forme de conseil n'est pas encore très culturelle en France. « Certains chefs d'entreprises ont l'impression qu'on va leur apprendre comment faire le métier. Ce qui n'est pas du tout le cas », précise Boris Carpentier. Cependant, le Cabinet Pagos gagne petit à petit des parts de marché, grâce au bouche-à-oreille. « Je visite aujourd'hui une cinquantaine de sociétés par an, et on en accompagne une vingtaine. L'une d'elles nous a même confié la construction d'une nouvelle usine », déclare Boris Carpentier. Le bonheur des uns fait le bonheur des autres.